Les chroniques de sylvain Legault
Le rapport de la commission spéciale de l’Assemblée nationale <<Mourir dans la dignité>> a finalement donné lieu à 24 recommandations afin de baliser cet acte de plus en plus reconnu comme médicalement acceptable. Seulement, ces mêmes balises demeurent soumises à une appropriation et une évaluation de cas par cas et, somme toute, qui contient des critères relativement nombreux et contraignants. Cependant, il est hors de question ici de remettre en cause la pertinence de ce débat. Bien au contraire, c’est véritablement un pas dans la bonne direction.
Euthanasie ou suicide assisté
Deux choses me questionnent cependant. La première est autour des mots euthanasie et suicide assisté. Ne serions-nous pas en mesure de repenser ces deux mots qui contiennent un certain sens péjoratif et de surcroît quelque peu négatif? Il se peut alors que les discussions autour de ce sujet deviennent plus près de la réalité dont il est question ici et surement plus acceptable. Euthanasie, selon le Petit Larousse, renvoi à un acte qui donne la mort afin d’abréger les souffrances ou encore laisser un malade sans soins afin que la mort survienne. On place souvent ici ''sans acharnement thérapeutique''. L’acte devient exutoire que par le médecin, le plaçant au centre de l’événement. Cela réfère aussi à l’acte vétérinaire très largement répendu. Donc globalement, ce mot est inévitablement associé à quelque chose de plutôt tragique et forcément négatif.
Ensuite, quoi dire du mot suicide assisté? Toujours selon le Larousse, le suicide se définit par «se donner la mort». Nous savons tous que ce mot est également porteur d’assez mauvaise nouvelle et surtout chargé de drame, qu’il soit assisté ou non. Bref, je sais bien qu’il faut nommer les choses telles quelles sont, mais je crois aussi que quelqu’un devrait se pencher là-dessus.
Le deuxième élément qui me questionne est celui de la religion ou des religions. Nous avons choisi, comme société, d’avoir un état laïc et il n'est pas question de remettre cela en question. Cependant, comme la demande doit être faite par la personne elle-même et d’une façon libre et éclairée, comment pourrait-elle prendre une telle décision sachant que sa religion ne le permet peut-être pas ou qui pourrait soulever un certain malaise. D’autant plus que le Québec se retrouve souvent dans des difficultés d’accommodements.  Enfin, ma question ici est, comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de manifestations de la part des différentes confessions religieuses. Bien que certains ont acheminé des mémoires et ont été entendus à la commission, j’aurais aimé les entendre davantage sur cette question et d’une façon plus soutenue, car pour beaucoup de personnes, leurs croyances influenceront très certainement leur décision ou leur non-décision. En ce sens que derrière chaque religion, il y a des positions face à cette question. Celles-ci devraient être claires plutôt que de maintenir un discours parfois bien flou sur la question en maintenant un certain voile sur l’aspect illégitime, spirituellement parlant.
Sylvain Legault
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